Avant tout, je ne garde vraiment pas un mauvais souvenir de la construction du canoë. J'en suis même arrivé à trépigner d'envie de construire autre chose, tant l'expérience à été agréable.
Pourtant, j'ai travaillé dans des conditions assez difficiles: pas d'électricité avant la mise en peinture (vous verez sur les photos ma petite lampe de à gaz !) ... ce qui inclut qu'il a fallu faire quasiment tout les ponçages à la main. Et du ponçage, ça ne manque pas ! Un jour, j'ai craqué, je suis allé voir un copain qui travaille à l'AFPA section construction nautique avec le canoë inachevé sur le toit de la voiture, il m'a prêté une ponceuse orbitale et en 1/2 journée, j'ai réalisé le travail d'une semaine de ponçage à la main.
J'avais également un budjet serré (à peu près 300€). Alors j'ai profité de tout ce que beaucoup de gens jettent. Plateaux en bois, chevrons de chantier, lattes de lit...
Pour économiser, et aussi par plaisir, j'ai choisi de réaliser les plans. Je ne le recommande pas à moins de trouver et de réussir à utiliser un logiciel de construction nautique. Du coup, vous le verrez, ça a été vraiment de la "bidouille" et j'ai eu beaucoup de chance d'arriver à assembler les différents bouchins du canoë ! Il vaut vraiment mieux acheter les plans à l'échelle 1/1. ça coûte 50€ et on est sûr de se donner du mal pour quelque chose.
Allez, assez écrit, place aux images et aux commentaires et n'hésitez pas à me poser des questions complémentaires. Je rêve que vous vous mettiez à construire le votre !!! Osez, on paye au fur et à mesure; au pire, si on rate des découpes, on ne perd qu'une planche de contreplaqué et ça coûte moins de 15€
Etape 1: Les plans.
Je suis parti d'un plan gratuit de canoë en forme. Je l'ai adapté en un canoë à bouchins.
Mon plan du canoë (440cm).
J'ai ensuite construit une maquette
A partir de là, comme je l'annonçais, ça été vraiment de la bidouille. J'ai emprunté la technique de construction d'un canoë en forme (construction d'un chassis retourné) afin de pouvoir y apposer des cartons qui m'ont servi à établir les plans des bouchains au 1/1.
Les cartons obtenus m'ont permis de tracer des plans plus propres en vue de la découpe des plaques de contreplaqué.
Vérification de la justesse des plans sur le châssis. Au fait, le châssis et les plans ne correspondent qu'à 1 côté de la moitié de la longueur du canoë ! vous me suivez ? C'est parce que le canoë est symétrique tant en longueur qu'en largeur.
Toujours est-il que si j'avais acheté des plans, tout ce qui précède n'aurait pas lieu d'être...
Etape 2: Découpe des plateaux de contreplaqué et scarf.
Bon, pour les découpes, fastoche et pour l'occasion (ça a fait hurler les voisins) j'ai osé brancher une scie sauteuse sur une prise électrique de la copropriété.
Mes plateaux de contreplaqué (CP) qualité extérieur (et non pas marine) font 5mm d'épaisseur et 2,5 mètres de long. Comme le canoë mesure 440cm, il me faut assembler mes découpes. On appelle ça, faire un scarf. Je vais vous décrire la technique:
Pour faire un scarf qui tient la route, il faut poncer les tranches à assembler en biseaux. Ce biseau doit avoir une longueur égale à 10 fois l'épaisseur des planches à assembler. Ici épaisseur 5mm donc longueur du biseau 5cm.
Pour réaliser un biseau bien propre, j'ai trouvé une technique qui marche au top. Regardez la 1ère des 3 photos ci-dessus: Les deux planches sont posées l'une sur l'autre avec un décalage de 5cm. (et bloquées avec des serres joints). Il ne reste plus qu'à poncer soit au papier de verre avec une petite cale en bois, soit... à la ponceuse à bande ou orbitale (que je rêvais de pouvoir brancher !)
Il faut une bonne colle (de la PPU) ou de la résine epoxy légèremment chargée (bref, c'est plus simple la colle !)
Il faut aussi quelques serre-joints et des planches, tasseaux quelconques pour mettre le scarf sous presse pendant 24h.
ça y est, on a un bateau en kit ! on va pouvoir assembler tout ça.
Etape 3: Assemblage
Il vous faut beaucoup de fil de cuivre (récup de morceaux de fils électriques par exemple) et un petit forêt de 2mm. Pour ceux qui ont de la chance, une perceuse électrique !
On perse bord à bord, on fait passer un morceau de fil de cuivre et on resserre un peu (pas trop au début).
C'est une étape très gratifiante, on obtient déjà une idée très précise de la forme du canoë.
Etape 4: Les joints congés internes.
La coque est mise en forme par des traverses provisoires. Je prépare de l'époxy avec une charge dure afin d'obtenir une pâte ayant un peu de tenue. J'applique la "mixture" avec des cartes en plastique (du style carte téléphonique, carte de fidélité etc). Attention de bien nettoyer très rapidement les bavures pour ne pas tacher le bois.
Ensuite, j'ai fait une erreur (de plus !) . Normalement, il faut appliquer avant séchage complet le tissu de stratification. Cela permet d'obtenir une bonne liaison structurelle et ça évite aussi un très très très dur travail de ponçage ! En effet, comme j'ai attendu que le séchage soit complet, il a fallu que j'égalise tous mes joints au papier de verre afin que le rendu soit propre, que la surface ne soit pas accidentée et permettre une bonne accroche de la fibre.
Etape 5: la stratification interne (qui devrait être liée à l'étape 4)
Il s'agit de stratifier le fond du canoë (en remontant de 10 cm et de renforcer par deux larges bandes les joints latéraux.
Découper à l'avance le tissu. appliquer la résine à la spatule (carte de fidélité format CB en plastique par exemple).
L'epoxy doit toujours être bien dosé, contrairement à la résine polyester où la réaction chimique se fait en chaîne, (moins cher mais qui accroche beaucoup moins bien avec le bois), l'époxy lui, a besoin d'être le plus parfaitement dosé. Pour cela, les vendeurs fournissent des gobelets gradués. il n'est pas inutile d'utiliser en plus une petite balance. Je trouve qu'il vaut mieux préparer une quantité un peu importante (s'il ne fait pas trop chaud) car la marge d'erreur du dosage est ainsi minimisée (rapport à la proportionnalité). Attention de bien faire la chasse à la moindre bulle d'air.
Après ponçage, j'ai appliqué une deuxième couche.
Bon, on peut couper les fils de cuivre à ras (finir délicatement à la lime à métaux).
Etape 6: pose des plats-bords internes
Faire le scarf des plats-bords. s'armer d'une armée de serre joints. Coller à l'époxy + charge légère. Visser éventuellement provisoirement pour palier au manque de serre joint (visible sur la photo). PS: c'est une étape qui doit sûrement être facilitée si l'on est 2 !
Etape 7: La barre d'écartement / de portage.
Ben là, il y a juste à poncer ! et à visser sous les plats bords !
Comme sur les photos du "Grain de folie" il y avait une varangue centrale, je me suis dit que ça serait plus prudent d'en faire une. (Depuis février dernier je l'ai retirée et le canoë n'en souffre pas).
Etape 8: Pose des triangles avant/arrière.
L'idéal serait de tout coller à l'époxy un peu chargée plutôt qu'à la colle P.U. Mais par souci de budjet, je l'ai fait à la P.U... si on presse vraiment bien les pièces ensemble, ça le fait quand même (j'ai fait des tests concluants où les scarfs cassaient ailleurs qu'au niveau du collage et où des collages ne s'arrachaient qu'en emportant beaucoup de bois).
Etape 9: Fabrication des bancs
Des lattes de lit et le tour est joué ! La visserie est en inox (là, j'ai cassé un peu la tirelire)
C'est confortable... mais il y a moyen de faire nettement plus léger.
Etape 10: La coque extérieure
Il serait temps de s'occuper de ma coque extérieure ! d'autant plus que si à l'intérieur ça parait presque terminé, l'extérieur va demander encore quelques heures de travail.
1) Arrondir les angles des bouchins, finir au mastic epoxy (charge légère), ponçage.
2) Stratification de la coque. 2 couches de résine
3) Collage des lattes de protection et quille. (Epoxy chargé + presse)
4) Pose des plats-bords externes. Je les ai collés et vissés. Avant de les poser, j'avais préalablement aménagé des trous pour que les têtes des vis s'y perdent. J'ai ensuite bouché ses trous avec de la pâte à bois.
5) Vernis (marin) 3 à 4 couches de tout ce qui ne va pas être peint (l'époxy a besoin d'être protégé des UV).
5) De la coque: du ponçage, du ponçage, du mastic de finition, du ponçage... et encore du ponçage !
6) Mise en peinture au rouleau à laquer (peinture polyuréthane)... et c'est FINI !!!!
On distingue l'étambrai du mât. Je traiterai du gréement dans un autre article.
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