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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 15:24

sorgues enjoyfishing.fr

(source image: enjoyfishing.fr) 

Le problème quand on débute une activité, c'est qu'après le "débrouillage", on se sent vite en confiance alors que l'on a même pas cosncience des risques potentiels. J'ai souvent rencontré ça lorsque j'étais skipper ou dans le cadre de l'escalade ou même de l'alpinisme: des gens qui naviguaient ou grimpaient  depuis un petit moment mais qui n'avaient pas encore assez de vécu pour "imaginer, se représenter" les dangers potentiels qu'ils encouraient.


Voici le récit d'une journée d'aventure qui a tourné au tragi-comique il y a un an de cela. J'ai merdé par excès de confiance en moi. Une qualité indispensable en milieu naturel: être conscient de ses limites. Sur ce coup, zéro pointé, je ne suis pas fier, mais on peut beaucoup  apprendre de ses erreurs !

 

 

 Nous voilà parti. Le canoë bien fixé sur le toit de la voiture, les kilomètres défilent, le soleil est au rendez-vous, la journée est pleine de promesses. Cavaillon, L’Isle sur Sorgue et enfin La Fontaine de Vaucluse. Très joli village touristique… qui nous accueille avec son parking obligatoire à 3,50€.

Une mise à l’eau aisée, du courant juste ce qu’il faut, tout est parfait !

Et très rapidement nous arrivons au premier barrage qui est là pour réguler le flux. Aucune zone de portage aménagée, mais comme il ne s’agit que de descendre de quelques mètres, la manœuvre est vite réglée.

Le courant est un peu plus important et nous filons maintenant à 12 km/h. C’est un régal, nous n’avons qu’à pagayer mollement pour assurer la trajectoire du canoë. Nous passons devant plusieurs moulins à eau, vestiges d’une antique activité économique  mécanisée.

L’eau se met à gronder, un second barrage ne doit pas être loin. Nous le contournons par la gauche en suivant un canal assez tranquille qui finit en un cul-de sac impressionnant : une sorte de pelleteuse automatique ne cesse de ratisser la passe.  L’avantage de notre option est que nous n’avons qu’à débarquer sur la droite et emprunter une pente douce bétonnée destinée à dévier le cours en cas de crue. Pour l’occasion, j’installe notre petit chariot sous le canoë. C’est effectivement plus rapide et moins fatiguant que de porter le canoë puis son chargement.

Le courant de la Sorgue reste bien vivant et nous progressons aisément… vers le troisième portage ! non sans avoir croisé un couple de mulets ou d’ânes incrédule devant notre expédition. Nous apprendrons à la fin de notre parcours que la sorgue est interdite à la navigation de décembre à avril probablement à cause de la force de son débit à cette période.

Troisième portage donc, et là, malheur de malheur ! je me rends compte que j’ai oublié mes clopes dans la voiture ! bon, pour l’instant, je survis.

Nous trouvons une belle plage ensoleillée pour la pause pique nique.

C’est reparti ! Ça avance bien, et même super bien, on finit vraiment par s’habituer au courant et même un peu trop...

Grisé par l’ambiance (j’ai vraiment une superbe coéquipière franchement efficace) je prends une option comment dire, vraiment à la con !

Au lieu de débarquer raisonnablement et de faire un petit portage pour passer une cascade de plus d’un mètre de haut, je crie « ça va le faire ! » et ma coéquipière me crie «  non, ça va vraiment pas le faire ! » Qui avait raison ?

Ben, elle. Parce que là, on a de l’eau jusqu’aux épaules, le canoë plein d’eau d’un côté, nous de l’autre quant aux bagages et aux pagaies elles sont parties toute seule vers l’Isle sur Sorgue ! Et le bidon étanche ? où est le bidon étanche, avec à l’intérieur nos papiers, tout notre argent, nos téléphones… et les clé de la voiture ? Ben il est parti lui aussi.

L’appareil photo a miraculeusement survécu à tout ça. Me voilà comme un couillon, en train de tirer sur la berge un canot plein d’eau, avec une coéquipière trempée jusqu’aux os.

C’est pas tout, mais il ne faut pas trainer et vite repartir pour avoir une chance de rattraper tout notre matériel. Heureusement, de la chance, on en a à revendre. Juste à côté de moi, une grande planche en bois massif n’attend que d’être refendue en deux pour faire office de pagaies. Nous repartons sportivement, le courant étant particulièrement fort sur cette section. Au loin, nous distinguons le principal : notre bidon étanche qui est balloté par les flots. Nous avons tôt fait de le rattraper ainsi que le reste du matériel. Il ne manque plus qu’une pagaie.

Il est maintenant temps de faire une pause et de se réchauffer au soleil dans un grand champ qui borde la rivière. Pendant que Marie-So étend tout notre attirail, je remonte le cours d’eau en coupant par la forêt pour revenir sur les lieux du chavirage afin de récupérer l’appareil photo que j’avais laissé suspendu à une branche.

Après notre petite pause, nous repartons et comble de chance, nous retrouvons la deuxième pagaie ! Bilan des pertes : une écope et une vieille paire de lunettes de soleil. Génial !

L’isle sur la Sorgue est en vue. Nous débarquons à la ligne de partage des eaux. Le soleil est de plus en plus voilé par de nombreux nuages qui s’installent, on commence à avoir froid.   

Comme toujours, la chance est au rendez-vous et la première personne apostrophée ne tarde pas à accepter de me conduire au plus vite à notre point de départ afin que je puisse récupérer la voiture. La pauvre Marie Sophie reste avec le canoë et occupe son temps à trier ce qu’il reste de nourriture ne ressemblant pas à une éponge. Puis, elle découvre sur un panneau qu’une fois de plus, nous avons raté les castors qui ont élu domicile sur la Sorgue.

La femme qui me conduit est une jeune retraitée qui habite le coin mais qui est originaire de Marseille. Non seulement elle me ramène en un temps record jusqu’à notre voiture, mais elle va jusqu’à me raccompagner jusqu’à Marie So et le canoë.

Nous voilà au chaud dans la voiture, chauffage à fond, une tasse de thé dans les mains. Un tour de clé de contact, une centaine de kilomètres, et nous sommes de retour à la maison.

Prêts ou presque pour de nouvelles aventures !   

 

 

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